Dans le schéma ci-dessous sont représentés les trois axes où psychologie et littérature se croisent, avec quelques exemples de questions que pose la littérature et auxquelles la psychologie tente de répondre :
Auteur
•Approche
psychologique de l'auteur
Oeuvre
•Approche
psychologique du texte littéraire
Lecteur
•Approche
psychologique du lecteur
Ainsi, l’approche psychologique ne se préoccupe pas de la valeur artistique d’une œuvre mais cherche plutôt à apporter un éclairage supplémentaire pour la compréhension de la chose littéraire.
Il existe plusieurs façons de procéder au travail d’analyse des textes littéraires, dans le présent cours il ne sera pas question des différentes méthodes qui existent, (pour cela voir cours ETL – Etude des Textes Littéraires). Ceci dit, des travaux issus de l’approche psychanalytique sont largement évoqués.
Dans l’approche psychologique, le processus créateur, que ce soit en littérature ou dans le domaine des arts n’est pas appréhendé en termes de dons, de capacités ou de talents, mais en termes de projection, de sublimation, de clivage, de répétition, c'est-à- dire en termes de travail psychique.
Nous sommes bien là au cœur de la fabrique littéraire, ce pourquoi, plus que de création, c’est de production ou encore de travail qu’il conviendrait de parler, c’est-à-dire de transformation, un travail au cours duquel les représentations, images, mots ou pensées qui surgissent et se succèdent sur un mode apparemment anarchique se voient brassés, transformés, sélectionnés, triés, organisés et ciselés, pour aboutir à un texte empreint du déterminisme psychique dont il est issu (Kamieniak, 2011)
Ainsi le processus de création comporterait d’une part un travail sur soi/contre soi et d’autre part un travail littéraire purement esthétique, et c’est par l’aboutissement de ces efforts que l’œuvre prend forme.
Concernant l’écriture, elle est souvent considérée par les analystes qui se sont intéressé à la littérature comme une activité qui vient au secours de l’appareil psychique. En effet selon Cadoux « l’écriture viendrait suppléer à la défaillance de l’appareil psychique en “donnant un lieu“ à certains éléments traumatiques qu’il ne peut élaborer en son sein. L’écriture fournirait une inscription externe à ce qui ne s’est pas inscrit à l’intérieur.» (2013, p. 34).
Ce qui a beaucoup participé à la compréhension du travail artistique en général et du travail littéraire en particulier, ce sont les nombreux témoignages des écrivains, qui, ont donné a voir comment le travail d’écriture est vécu, avant, pendant et après. Certains auteurs sont ainsi devenus mythiques, comme Kafka.
Faire une analyse psychologique d’un texte littéraire consiste en quelque sorte à lire ce qui n’est pas écrit, c'est-à-dire à chercher dans l’œuvre des indices qui nous permettent de révéler les intentions inconscientes de son auteur. Parce que dans cette approche on considère que l’œuvre a une fonction psychologique, et c’est justement l’analyse qui nous permet de la découvrir.
L'œuvre littéraire naît de la vie intérieure de l’homme qui 1'a écrite, en plus elle naît de la vie intérieure de la société, de son époque, par conséquent, l’œuvre est un signe, elle a la valeur de symptôme, c'est pour cela que la fonction du critique est de discerner ces signes, ces symptômes dans 1'œuvre qu'il lit.
Freud considère les mythes, les contes et la littérature ou plus globalement l’art, comme des productions psychiques qui s’expliquent comme les rêves ou encore comme les symptômes, ce sont des conséquences de formations de compromis, c'est-à-dire, des productions qui satisfont à la fois le désir et la défense. (Voir chapitre 1). L’œuvre est ainsi le résultat d’un ensemble d’incitations et de résistances que la démarche interprétative permet de mettre à jour.
Faire une critique analytique d’un texte consisterait à la fois, à en déchiffrer les énigmes et à montrer leur parenté et d’introduire du même coup une continuité là où apparemment il y aurait rupture : continuité entre le roman et la biographie, l’auteur et le personnage, le conscient et l’inconscient, le normal et le pathologique, l’enfant et l’adulte, le civilisé et le primitif (Kamieniak, 68).
Selon Sarah Kofman. Il n’y a pas de texte préalable mais un seul texte qui est à lui-même sa propre clé, et ce que peut faire l’analyste, c’est de montrer qu’il y a entre les éléments du texte des rapports différents de ceux que suggère son contenu manifeste, des rapports qui dénotent justement un certain « travail » de l’inconscient. Et c’est en faisant « travailler » le signifiant que le critique explique et déplie ce qu’il recèle, c’est-à-dire exhibe et dissimule d’un même mouvement. ( Kamieniak, 71).